Femmes et santé : 15 propositions concrètes issues des États Généraux 2024
Les États Généraux des Femmes de Santé 2024 ont formulé 15 propositions pour améliorer la place des femmes dans le secteur professionnel de la santé. Décryptage des enjeux et recommandations clés.
Le 6 décembre 2024, Paris a accueilli la quatrième édition des États Généraux des Femmes de Santé, un événement organisé par le collectif Femmes de Santé. L’objectif ? Dresser un bilan des inégalités persistantes et proposer des actions concrètes pour améliorer la place des femmes dans les professions de santé.
En réponse aux constats dressés lors des éditions précédentes, cette rencontre a débouché sur 15 recommandations stratégiques, destinées à être soumises au futur gouvernement.
Un constat sans appel : les inégalités persistent
Alors que les femmes représentent près de 70 % des effectifs dans le secteur de la santé, elles restent sous-représentées dans les postes à haute responsabilité. La charge mentale, les inégalités salariales et le plafond de verre continuent de freiner leur évolution professionnelle.
Lors de cet événement, les participantes ont partagé leurs expériences et leurs combats. « Nous sommes en 2024 et les défis restent les mêmes : reconnaissance, accès aux postes stratégiques, équilibre entre vie professionnelle et personnelle », a déclaré une praticienne hospitalière présente.
Les 15 propositions pour une transformation en profondeur
- Parité obligatoire dans les instances dirigeantes
Dans un secteur où les femmes représentent plus de 70 % des effectifs mais restent minoritaires dans les instances décisionnelles, il est impératif d’instaurer des quotas contraignants. Cette mesure vise à imposer une parité réelle au sein des conseils d’administration, des comités de direction et des instances représentatives. L’objectif est clair : briser définitivement le plafond de verre qui freine l’accès des femmes aux postes de pouvoir. - Réduction des inégalités salariales
Malgré les lois existantes, les écarts de rémunération entre les hommes et les femmes persistent dans le domaine de la santé. Une politique de transparence salariale couplée à des audits réguliers doit être mise en place. De plus, des sanctions financières pour les entreprises et institutions ne respectant pas l’égalité salariale doivent être instaurées afin de garantir une équité effective. - Accès à la formation et à l’évolution de carrière
Le manque de formation continue constitue un frein à la progression des femmes dans le secteur de la santé. La mise en place de parcours professionnels adaptés, incluant des formations sur le leadership, la gestion et l’entrepreneuriat, permettra de favoriser leur montée en responsabilité. Un accompagnement via des dispositifs de mentorat et de coaching doit également être encouragé. - Amélioration des conditions de travail
La pénibilité du travail en milieu hospitalier et médical touche particulièrement les femmes, soumises à des horaires contraignants et à une charge mentale élevée. Il est crucial de favoriser une meilleure organisation du temps de travail, avec des mesures d’aménagement spécifiques, notamment pour les mères de famille. La prévention du burn-out doit aussi devenir une priorité. - Lutte contre les violences sexistes et sexuelles
Le tabou autour des violences sexistes et sexuelles en milieu médical doit être levé. Une cellule d’alerte indépendante doit être mise en place dans chaque établissement, accompagnée d’un plan de formation obligatoire pour tous les encadrants et professionnels de santé. Les victimes doivent bénéficier d’un accompagnement juridique et psychologique systématique. - Revalorisation des métiers féminins sous-payés
Infirmières, sages-femmes, aides-soignantes… Les métiers de la santé occupés majoritairement par des femmes restent les moins rémunérés. Il est impératif de réévaluer les grilles salariales et d’assurer une reconnaissance statutaire et financière à la hauteur de leurs responsabilités. - Accès à l’entrepreneuriat et au financement
Aujourd’hui, seulement 10 % des startups en santé sont dirigées par des femmes. Pour favoriser leur accès à l’entrepreneuriat, il faut garantir un accès équitable aux financements, créer des incubateurs dédiés et encourager les investisseurs à soutenir des projets portés par des femmes. - Intégration de la santé des femmes dans la recherche médicale
Trop souvent, la recherche clinique est biaisée par une approche androcentrée. Il est essentiel d’intégrer les spécificités féminines dans les études cliniques, en favorisant la recherche sur des pathologies spécifiques aux femmes (endométriose, syndrome des ovaires polykystiques, maladies cardiovasculaires féminines, etc.). - Développement du mentorat féminin
La mise en place de programmes de mentorat entre femmes permettrait de créer un véritable réseau d’entraide et de favoriser le partage d’expériences. Ces initiatives doivent être soutenues par les institutions et encouragées au sein des entreprises et des hôpitaux. - Prise en compte de la parentalité
La maternité ne doit plus être un frein à la carrière des professionnelles de santé. Il est urgent de repenser les congés maternité et paternité, de proposer des horaires flexibles et d’encourager les établissements à mettre en place des solutions de garde adaptées. - Sensibilisation aux biais inconscients
Les stéréotypes de genre influencent encore trop les carrières des femmes en santé. Des formations obligatoires pour les recruteurs et managers doivent être instaurées afin d’éliminer ces biais inconscients qui freinent l’évolution des carrières féminines. - Promotion des rôles modèles féminins
Mettre en avant des femmes inspirantes du secteur est un levier puissant pour encourager de nouvelles vocations. La visibilité des expertes dans les médias, les conférences et les publications scientifiques doit être renforcée. - Inscription de l’égalité dans les chartes des institutions de santé
L’égalité hommes-femmes ne doit plus être un engagement symbolique, mais une exigence inscrite dans les chartes des établissements de santé. Chaque organisation doit définir des objectifs mesurables et s’engager sur des actions concrètes. - Mise en place d’un observatoire des inégalités professionnelles en santé
Sans données précises, impossible de mesurer les progrès. Un observatoire national doit être créé pour suivre les indicateurs d’inégalité, analyser les tendances et proposer des recommandations aux décideurs politiques et aux entreprises. - Représentation équilibrée dans les médias et les congrès
Trop d’événements professionnels en santé se tiennent encore avec des panels exclusivement masculins. Il est essentiel d’instaurer des règles favorisant une représentation paritaire dans les conférences, colloques et interventions médiatiques. Cela permettra de faire évoluer les mentalités et de normaliser la présence des expertes dans le débat public.
Ces États Généraux 2024 marquent une étape clé dans l’évolution du rôle des femmes dans la santé. Si les inégalités persistent, les avancées concrètes suggérées lors de cet événement pourraient bien transformer durablement le paysage professionnel de la santé.
Reste à voir si les décideurs sauront saisir cette opportunité pour impulser un véritable changement.