MedInTechs 2025 : Yannick Neuder annonce 45 millions d’euros pour la cybersécurité des hôpitaux
Le ministre de la Santé, Yannick Neuder, a profité de sa visite au Salon MedInTechs 2025 pour annoncer un nouvel investissement significatif dans la cybersécurité des établissements de santé français.
Cette annonce s’inscrit dans un contexte d’intensification des cybermenaces visant le secteur médical et témoigne de l’engagement du gouvernement à protéger les infrastructures critiques de santé.
Un événement majeur pour l’innovation médicale
Le Salon MedInTechs, qui s’est tenu les 10 et 11 mars 2025 au Parc Floral de Paris, s’est imposé comme un rendez-vous incontournable pour les acteurs de l’innovation en santé. Avec ses 200 exposants, 800 rendez-vous B2B et plus de 10 000 visiteurs, cette édition a offert une vitrine exceptionnelle aux dernières avancées technologiques du secteur médical. L’événement a été officiellement inauguré par Yannick Neuder, ministre chargé de la Santé et de l’Accès aux soins, témoignant de l’importance accordée par le gouvernement aux technologies médicales innovantes.
Lors de sa visite, le ministre a souligné que le salon met en lumière les grandes tendances qui façonneront la santé de demain : l’intelligence artificielle, la santé numérique, la santé mentale, la prévention digitale, l’hôpital du futur et la mobilité des soins. Ces innovations transforment profondément l’approche des soins en France et visent à améliorer l’accessibilité pour tous les patients.
Un engagement renforcé pour la cybersécurité hospitalière
Face à la recrudescence des cyberattaques ciblant les établissements de santé, le ministre a rappelé l’importance cruciale de renforcer les dispositifs de protection des systèmes d’information et des données de santé. Cette préoccupation est d’autant plus légitime que selon les chiffres officiels de l’ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information), trente hôpitaux français ont été victimes de cyberattaques par rançongiciel en 2022 et 2023. Plus récemment encore, en 2024, deux établissements majeurs – l’hôpital d’Armentières dans le Nord et l’hôpital de Cannes – ont subi des attaques informatiques particulièrement dommageables.
Le ministre a insisté sur la nécessité d’une mobilisation sans précédent : “Nous devons pleinement nous investir sur le sujet cyber et allouer les moyens nécessaires pour faire face aux cybermenaces”. Cette déclaration intervient alors que la Cour des comptes a récemment exprimé ses inquiétudes quant à la vulnérabilité des systèmes informatiques hospitaliers, soulignant qu’environ 20% des postes de travail dans les hôpitaux publics ont plus de sept ans ou utilisent des systèmes d’exploitation obsolètes.
Le programme CaRE : une réponse structurée aux cybermenaces
Le ministre a mis en avant les premiers résultats encourageants du programme CaRE (Cybersécurité, accélération et Résilience des Établissements), lancé en 2023 pour renforcer la protection des infrastructures numériques de santé. Ce programme ambitieux, déployé sur cinq ans (2023-2027), prévoit un financement total de 750 millions d’euros. Structuré autour de quatre axes majeurs – gouvernance et résilience, ressources et mutualisation, sensibilisation, et sécurité opérationnelle – il vise à engager l’ensemble des professionnels de santé dans une démarche proactive de renforcement de la cybersécurité.
Jusqu’à présent, 223 millions d’euros ont déjà été mobilisés dans le cadre de ce programme, mais les besoins restent considérables face à l’ampleur de la menace. En effet, le CERT (Centre gouvernemental de veille, d’alerte et de réponse aux attaques informatiques) a recensé 588 cyberattaques visant des établissements français de santé en 2022, dont un tiers ont entraîné un fonctionnement en mode dégradé avec des répercussions directes sur la prise en charge des patients3.
Une nouvelle enveloppe de 45 millions d’euros
C’est dans ce contexte que Yannick Neuder a annoncé, lors de sa visite au salon MedInTechs : “Je suis heureux de vous annoncer qu’avec Catherine Vautrin, nous signerons dans les prochains jours un arrêté pour la mise en œuvre de la prochaine priorité d’investissements du plan CaRE, avec une enveloppe dédiée de 45 millions d’euros”. Cette somme s’inscrit dans la continuité des efforts déjà engagés et vise à accélérer la mise à niveau des systèmes d’information des établissements de santé.
Cette annonce témoigne de la volonté du gouvernement de maintenir l’engagement financier jusqu’au terme du programme, une préoccupation explicitement formulée par la Cour des comptes qui s’inquiétait que cet engagement ne soit assuré que jusqu’à la fin de l’année 2024.
Une mobilisation européenne
L’initiative française s’inscrit dans un mouvement plus large à l’échelle européenne. En janvier 2025, la Commission européenne a dévoilé un plan d’action pour renforcer la cybersécurité des hôpitaux et prestataires de santé, en réponse aux 309 incidents majeurs remontés à l’Agence de l’Union européenne pour la cybersécurité (ENISA) dans le secteur de la santé en 20235. Ce plan prévoit notamment la création d’un centre paneuropéen de soutien à la cybersécurité des hôpitaux, qui sera opérationnel d’ici 20265.
Une vision globale de la santé numérique
L’engagement pour la cybersécurité s’inscrit dans une stratégie plus large de développement du numérique en santé. Le ministre Neuder a également évoqué l’importance de l’intelligence artificielle dans la transformation du système de santé, rappelant l’annonce récente d’un investissement de 119 millions d’euros pour former environ 500 000 soignants à l’utilisation de l’IA dès septembre 2025.
Cette double approche – sécurisation des infrastructures existantes et développement des innovations numériques – démontre la volonté du gouvernement d’accompagner la transformation numérique du secteur de la santé tout en garantissant la protection des données sensibles des patients. Le Salon MedInTechs 2025 aura ainsi été le théâtre d’annonces majeures qui dessinent l’avenir de la santé numérique en France.