Anses et Santé publique France signent une convention-cadre renforçant l’approche “One Health”
L'Anses et Santé publique France renforcent leur alliance "One Health" pour anticiper les risques sanitaires. Découvrez comment cette collaboration va impacter la surveillance épidémiologique et les technologies médicales.
L’Agence nationale de sécurité sanitaire et Santé publique France ont officialisé leur collaboration pour les quatre prochaines années à travers une convention-cadre stratégique. Ce partenariat renforcé vise à consolider une approche intégrée de la santé, reliant santé humaine, animale, végétale et environnementale selon le concept “One Health – Une seule santé”. Dans un contexte marqué par l’émergence de nouvelles menaces sanitaires et environnementales, cette alliance représente une avancée significative pour la surveillance épidémiologique et la prévention en France.
Une alliance stratégique fondée sur le concept “One Health”
Cette convention-cadre constitue une étape déterminante dans la coopération entre les deux principales agences sanitaires françaises. En formalisant leur engagement commun autour de l’approche “One Health”, elles reconnaissent l’interdépendance fondamentale entre la santé humaine, animale et environnementale. Ce partenariat scientifique et technique permettra d’améliorer significativement les réponses aux pouvoirs publics en matière de surveillance sanitaire, de développer des dispositifs communs d’enquêtes, et de garantir l’intégrité et l’indépendance de l’expertise scientifique face aux défis sanitaires contemporains;
La collaboration s’articule autour de trois axes majeurs. Premièrement, la mise en œuvre conjointe d’actions de surveillance et de vigilance, incluant la préparation à la gestion de crise, permettra une meilleure coordination des dispositifs existants et un renforcement des liens entre les Centres nationaux de référence et les Laboratoires nationaux de référence. Deuxièmement, la collecte coordonnée de données via des enquêtes et études de terrain visera à approfondir la connaissance des déterminants des pathologies chroniques, notamment l’exposition aux substances chimiques et les facteurs nutritionnels. Enfin, le développement d’une expertise scientifique coordonnée constituera un appui essentiel aux politiques publiques de santé et de prévention.
Des projets innovants déjà en cours de déploiement
La collaboration entre l’Anses et Santé publique France est déjà opérationnelle à travers plusieurs projets d’envergure. Le programme PestiRiv illustre parfaitement cette synergie avec une étude pionnière sur l’exposition aux pesticides des populations vivant près de vignes comparée à celle des personnes éloignées de toute culture. Cette complémentarité méthodologique, où Santé publique France réalise les mesures biologiques tandis que l’Anses conduit les analyses environnementales, permettra la publication en 2025 de données inédites pour éclairer les politiques publiques.
Une surveillance intégrée des risques environnementaux
Le Partenariat européen pour l’évaluation des risques liés aux substances chimiques, coordonné par l’Anses, représente une autre facette majeure de cette collaboration. Ce programme européen ambitionne de développer une nouvelle génération d’évaluation des risques chimiques. Santé publique France y apporte son expertise en biosurveillance, co-animant avec l’agence allemande pour l’environnement le volet surveillance et mesure de l’exposition humaine et environnementale.
En parallèle, l’enquête Albane fusionnera dès mai 2025 les études INCA de l’Anses et ESTEBAN de Santé publique France, créant ainsi un dispositif d’évaluation continue de la santé des Français, de leur exposition aux substances chimiques et des liens avec l’alimentation et l’environnement. Cette approche cyclique permettra d’actualiser régulièrement les indicateurs de santé publique essentiels aux décideurs.
SUM’EAU: une approche innovante de surveillance épidémiologique
Le dispositif SUM’EAU illustre parfaitement l’esprit d’innovation né de cette collaboration. Ce système de surveillance des eaux usées, développé conjointement par les deux agences, a permis de suivre la circulation du SARS-CoV-2 en 2023 à partir de 12 stations d’épuration, un réseau étendu à 54 stations en 2024. Cette approche novatrice, qui devrait s’étendre à d’autres pathogènes responsables d’épidémies saisonnières comme la grippe ou la bronchiolite, offre des perspectives prometteuses pour renforcer la détection précoce des signaux d’alerte sanitaire en France.
Une vision partagée pour l’avenir de la santé publique
Les dirigeants des deux agences affichent un enthousiasme partagé face à ce renforcement de leur collaboration. “La signature de cette convention-cadre affirme notre engagement commun pour une approche intégrée de la santé ‘One Health'”, déclare le Dr Caroline Semaille, Directrice générale de Santé publique France, soulignant l’importance d’une réactivité accrue face aux défis sanitaires complexes et émergents.
Le Pr Benoit Vallet, Directeur général de l’Anses, met quant à lui l’accent sur la nécessité d’adapter les pratiques face aux nouvelles tensions sanitaires liées à “l’évolution des techniques, comportements et opinions, de la globalisation des échanges et du dérèglement climatique”. Il voit dans cette convention un moyen de “gagner en acuité sur les signaux d’alerte et en pertinence dans nos recommandations”.
Les implications futures pour l’écosystème de santé français
Cette convention-cadre entre l’Anses et Santé publique France représente une évolution significative dans l’approche française des enjeux sanitaires. En renforçant leur coopération autour du concept “One Health”, les deux agences positionnent la France à l’avant-garde d’une vision holistique de la santé, où l’humain, l’animal et l’environnement sont considérés comme intrinsèquement liés.
Pour l’écosystème des technologies médicales français, cette collaboration ouvre de nouvelles perspectives en matière d’innovation diagnostique et de surveillance sanitaire. Les données issues des différents programmes conjoints pourront alimenter le développement de solutions technologiques intégrées pour la détection précoce des risques sanitaires, la surveillance environnementale et l’amélioration des outils de prévention, répondant ainsi aux défis sanitaires émergents qui marqueront les prochaines décennies.