La HAS dévoile ses nouvelles orientations stratégiques pour 2025-2030
Face aux multiples défis qui se profilent - vieillissement de la population, inégalités sociales croissantes, disparités territoriales persistantes, enjeux de soutenabilité financière et environnementale, sans oublier l'accélération fulgurante de l'innovation en santé
Dans un contexte de mutations profondes du paysage sanitaire, la Haute Autorité de Santé (HAS) vient de dévoiler ses nouvelles orientations stratégiques pour la période 2025-2030. Ce plan ambitieux, qui s’articule autour de trois axes majeurs, vise à relever les défis cruciaux auxquels fait face le système de santé français : vieillissement de la population, inégalités croissantes, révolution numérique et enjeux de soutenabilité. En parallèle, la HAS présente les résultats d’une étude novatrice sur l’utilisation des entrepôts de données pour mesurer la qualité des soins, ainsi qu’un programme renforcé pour la santé mentale et la psychiatrie. Ces initiatives témoignent de la volonté de l’institution de se positionner comme un acteur clé dans la transformation et l’amélioration continue du système de santé.
Un projet stratégique global pour répondre aux enjeux sanitaires et sociaux
La Haute Autorité de Santé (HAS) vient de présenter son nouveau projet stratégique pour la période 2025-2030, marquant une étape importante dans l’évolution de cette institution clé du système de santé français. Face aux multiples défis qui se profilent – vieillissement de la population, inégalités sociales croissantes, disparités territoriales persistantes, enjeux de soutenabilité financière et environnementale, sans oublier l’accélération fulgurante de l’innovation en santé – la HAS entend jouer pleinement son rôle pour contribuer à y apporter des réponses adaptées et pérennes.
Ce nouveau plan quinquennal s’inscrit dans la continuité du précédent projet 2019-2024, tout en fixant de nouvelles priorités pour guider l’action de l’institution dans les années à venir. Il vise à structurer et orienter les missions de la HAS autour de trois axes stratégiques majeurs, centrés sur les besoins et attentes des personnes, des professionnels de santé et des pouvoirs publics.
Promouvoir une approche intégrée des parcours de vie
Premier axe fort de ce projet : la promotion d’une approche globale et transversale de la santé, décloisonnant les secteurs sanitaire, social et médico-social. L’objectif est d’améliorer concrètement les parcours de soins et d’accompagnement des patients, en favorisant une meilleure coordination entre tous les acteurs impliqués – professionnels de ville, hospitaliers, structures médico-sociales. Un accent particulier sera mis sur la prise en compte des déterminants sociaux de la santé et des besoins exprimés par les personnes elles-mêmes.
Il s’agit notamment de prévenir les ruptures de parcours, encore trop fréquentes, et de renforcer la prise en compte des attentes des usagers en termes de qualité de vie, que ce soit à domicile ou en établissement. Pour y parvenir, la HAS entend s’appuyer sur les innovations technologiques et organisationnelles, tout en valorisant l’exercice coordonné et les démarches “d’aller vers” les publics les plus fragiles.
Défendre la qualité dans un système sous tension
Deuxième priorité affichée : maintenir un haut niveau d’exigence en matière de qualité des soins et des accompagnements, malgré un contexte de fortes tensions sur le système de santé. La HAS réaffirme ainsi son engagement à conforter la pertinence et la sécurité des pratiques professionnelles, tout en contribuant à préserver les ressources humaines et financières du secteur.
Pour ce faire, l’institution prévoit de renforcer ses évaluations médico-économiques, avec notamment la création récente d’un service dédié. Elle ambitionne également de perfectionner ses indicateurs de mesure de la qualité et de s’appuyer davantage sur les apports des sciences humaines et sociales. Un effort particulier sera consenti pour faciliter l’appropriation des recommandations par les professionnels de terrain, en améliorant la réactivité dans l’actualisation des productions et en évaluant plus systématiquement leur impact concret.
Préparer l’avenir et consolider le modèle français
Enfin, le troisième axe stratégique vise à anticiper et accompagner les transformations futures du secteur sanitaire et médico-social. La HAS souhaite notamment renforcer sa capacité à identifier et valoriser les véritables innovations parmi le foisonnement de nouvelles technologies et organisations. L’enjeu est de pouvoir répondre rapidement aux attentes des citoyens, tout en garantissant la rigueur scientifique des évaluations.
Par ailleurs, l’institution entend poursuivre sa stratégie d’influence à l’international, en participant activement à la construction de l’Europe de la santé. Elle sera notamment impliquée dans le déploiement du nouveau règlement européen sur l’évaluation des technologies de santé. L’objectif est de faire rayonner l’expertise française, tout en développant la résilience et la réactivité du système face aux défis émergents, qu’ils soient environnementaux ou liés à des situations de crise.
Des thématiques phares pour répondre aux enjeux transversaux
Au-delà de ces trois axes stratégiques, la HAS a identifié trois thématiques prioritaires sur lesquelles elle compte renforcer particulièrement son action dans les années à venir :
La prévention au cœur des priorités
La HAS réaffirme son engagement fort en faveur de la prévention et de la promotion de la santé. Elle entend travailler en complémentarité avec l’ensemble des acteurs concernés pour mieux identifier les besoins du système de santé en la matière. L’objectif est notamment de mettre en lumière les bénéfices médico-économiques des actions de prévention et d’aider les professionnels à mieux prendre en compte les déterminants sociaux de la santé dans leurs pratiques.
Un focus sur la santé mentale et la psychiatrie
Face à l’ampleur des enjeux dans ce domaine, la HAS prévoit un engagement sans précédent sur les questions de santé mentale et de psychiatrie. Elle souhaite contribuer à améliorer le repérage, le diagnostic et la prise en charge des troubles les plus sévères, en se concentrant particulièrement sur les soins et l’accompagnement social des populations les plus vulnérables. La promotion de stratégies de prévention et de repérage précoce des comportements à risque figure également parmi les priorités.
Accompagner la révolution numérique et l’IA en santé
Enfin, consciente de l’omniprésence croissante du numérique et de l’intelligence artificielle dans le domaine de la santé, la HAS entend veiller à ce que cette révolution technologique se fasse au service de l’humain. Elle s’attachera à éclairer les choix des utilisateurs et à rechercher la juste place de ces nouvelles technologies dans les parcours de soins. Des lignes directrices seront élaborées pour promouvoir une utilisation réfléchie et éthique des outils numériques en santé.
Pour mener à bien ces ambitions, la HAS s’engage à faire évoluer son organisation dans le cadre d’une démarche qualité proactive. Cela passera notamment par une adaptation continue de ses outils et méthodes de travail, un renforcement des échanges avec les autres acteurs du système de santé, et une attention particulière portée à la qualité de son environnement de travail interne.
Ce projet strategique 2025-2030 témoigne ainsi de la volonté de la HAS de se positionner comme un acteur central et proactif dans l’évolution du système de santé français, capable d’anticiper les défis à venir tout en garantissant la qualité et la pertinence des soins pour tous les citoyens.
Dans le cadre de sa mission d’amélioration continue de la qualité des soins, la Haute Autorité de Santé (HAS) vient de franchir une étape importante en publiant les résultats d’une étude menée en collaboration avec trois Centres Hospitaliers Universitaires (CHU). Cette initiative pionnière explore le potentiel des entrepôts de données de santé pour évaluer et améliorer la qualité des prises en charge hospitalières.
Un partenariat fructueux entre la HAS et trois CHU
L’étude, fruit d’une collaboration étroite entre la HAS et les CHU de Bordeaux, Rennes et Toulouse, s’est concentrée sur l’exploitation des données massives stockées dans les entrepôts hospitaliers. Ces bases de données, qui centralisent les informations issues des dossiers patients informatisés, représentent une mine d’or pour analyser les pratiques médicales et leurs résultats à grande échelle.
L’étude visait à développer et tester de nouveaux indicateurs de qualité des soins, plus précis et réactifs que les méthodes traditionnelles. Parmi les indicateurs étudiés, on trouve :
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Le taux de réhospitalisation à 30 jours après une chirurgie programmée
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Le délai entre l’admission aux urgences et la réalisation d’examens d’imagerie
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La prescription d’antibiotiques chez les patients atteints de bronchite aiguë
Ces indicateurs ont été sélectionnés pour leur pertinence clinique et leur capacité à refléter divers aspects de la qualité des soins.
Des résultats prometteurs
Les premiers résultats de l’étude sont encourageants. Ils démontrent la faisabilité technique d’extraire et d’analyser ces données complexes de manière automatisée et standardisée. Plus important encore, ils mettent en lumière le potentiel de cette approche pour :
- Obtenir une vision plus fine et actualisée de la qualité des soins
- Identifier rapidement des axes d’amélioration
- Suivre l’impact des actions correctrices mises en place
Malgré ces avancées prometteuses, l’étude a également mis en lumière plusieurs défis à relever pour généraliser cette approche :
- La nécessité d’harmoniser les pratiques de codage et de saisie des données entre les établissements
- L’importance de garantir la qualité et l’exhaustivité des données collectées
- Le besoin de développer des outils d’analyse adaptés à ces masses de données complexes
- La prise en compte des enjeux éthiques et de protection des données personnelles
Vers une généralisation progressive
Fort de ces résultats encourageants, la HAS envisage d’étendre progressivement cette approche à d’autres établissements et à un plus large éventail d’indicateurs. Un groupe de travail national sera mis en place pour définir une feuille de route et accompagner les établissements dans cette démarche.
Cette initiative novatrice de la HAS illustre l’importance croissante du big data et de l’analyse des données massives dans l’amélioration de la qualité des soins. Elle ouvre la voie à une évaluation plus fine et réactive des pratiques hospitalières, au bénéfice des patients et de l’ensemble du système de santé français.
Un programme ambitieux pour la santé mentale et la psychiatrie
Dans la continuité de ses engagements stratégiques, la HAS vient également d’adopter son nouveau programme “santé mentale et psychiatrie” pour la période 2025-2030. Ce programme, le troisième du genre, témoigne de l’intensification des efforts de l’institution dans ce domaine crucial de la santé publique.
Un enjeu de santé publique majeur
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2022, plus de 8,5 millions de personnes en France ont été prises en charge pour des maladies psychiatriques ou ont bénéficié de traitements chroniques par psychotropes. Au moins un quart de la population française est concerné par les troubles psychiques et les pathologies mentales, si l’on prend en compte leurs proches.
Plus alarmant encore, on observe une dégradation significative de la santé mentale des jeunes ces dernières années. Entre 2019 et 2023, le nombre de jeunes traités par antidépresseurs a augmenté de 60%. Par ailleurs, l’espérance de vie des personnes présentant un trouble psychique est réduite de 16 ans pour les hommes et 13 ans pour les femmes par rapport à la population générale.
Des objectifs ambitieux
Face à ces constats, le nouveau programme de la HAS s’articule autour de deux objectifs principaux :
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Améliorer significativement le repérage, le diagnostic et la prise en charge des troubles les plus sévères et invalidants, tels que les troubles schizophréniques et bipolaires.
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Améliorer la qualité des soins et des accompagnements pour les personnes les plus vulnérables, notamment les enfants et adolescents, les personnes âgées, les personnes à risque ou en situation de handicap psychique, ainsi que les réfugiés et migrants.
Pour atteindre ces objectifs, la HAS mise sur une approche décloisonnée, favorisant la coordination entre les secteurs sanitaire, social et médico-social. L’ensemble des activités de l’institution est mobilisé : recommandations de bonnes pratiques, parcours de soins, indicateurs de qualité, évaluation des produits de santé, certification des établissements, etc.
Une attention particulière sera portée à l’intégration des nouvelles technologies numériques et à l’élaboration de documents destinés aux usagers. La co-construction avec les professionnels, les personnes concernées et leur entourage sera au cœur de la démarche.
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Des priorités pour 2025
La feuille de route pour l’année 2025 prévoit notamment l’élaboration de recommandations de bonnes pratiques sur :
- Le repérage précoce et la prise en charge des psychoses émergentes
- La prise en charge médicamenteuse et non médicamenteuse des troubles schizophréniques
- La prise en charge de l’état dépressif chez la personne âgée
Claire Compagnon, membre du Collège de la HAS et présidente du comité “Santé mentale et psychiatrie”, souligne l’ambition de ce programme : “Face aux inégalités persistantes dans l’accès à des soins de qualité en santé mentale, ce programme vise à contribuer durablement à l’amélioration de la santé mentale de la population. Nous élargissons progressivement notre périmètre d’action pour travailler davantage sur le volet prévention.“
En faisant de la santé mentale et de la psychiatrie une priorité de son projet stratégique, et en les désignant “Grande cause nationale 2025”, la HAS affirme son engagement à relever les défis majeurs qui se posent dans ce domaine. La mise en œuvre de ce programme ambitieux sera suivie de près par l’ensemble des acteurs du secteur, dans l’espoir d’améliorer concrètement la prise en charge et la qualité de vie des millions de Français concernés par les troubles psychiques.