Orakl Oncology lève 11 millions d’euros pour transformer les essais cliniques sur le cancer

La recherche contre le cancer est un défi de taille, tant sur le plan scientifique qu’économique. Alors que les médicaments oncologiques sont de plus en plus coûteux et que le taux de succès des essais cliniques reste alarmant, une innovation pourrait bien redéfinir le processus de découverte de traitements. C’est dans ce contexte que la start-up française Orakl Oncology a récemment annoncé une levée de fonds de 11 millions d’euros. L’objectif de ce financement est ambitieux : améliorer l’efficacité des essais cliniques et ainsi augmenter le taux de succès des nouveaux médicaments contre le cancer. Mais comment cette jeune pousse, spin-off de l’Institut Gustave Roussy, entend-elle relever ce défi colossal ?

Le problème majeur des essais cliniques dans le cancer

Les chiffres sont sans appel : 96% des médicaments candidats échouent lors des essais cliniques, une statistique qui met en lumière l’inefficacité de la méthode traditionnelle de développement pharmaceutique. Un développement qui peut prendre jusqu’à dix ans et coûter plus d’un milliard de dollars par médicament. Une fois en phase clinique, ces traitements sont de plus en plus chers, ce qui menace l’accès équitable aux soins. Ce constat est d’autant plus préoccupant pour les patients atteints de cancers graves, notamment les cancers digestifs, qui font face à un manque de solutions thérapeutiques efficaces.

L’approche d’Orakl Oncology : des avatars tumoraux pour prédire la réponse aux traitements

Face à ce défi, Orakl Oncology a mis au point une approche novatrice fondée sur l’utilisation des avatars tumoraux. Ces « avatars » sont des répliques miniatures des tumeurs des patients, créées à partir de cellules tumorales issues de biopsies. Ces avatars permettent de simuler les réponses aux traitements médicamenteux, en donnant aux chercheurs une vision plus précise de l’efficacité d’un médicament avant de lancer un essai clinique.

L’idée est simple mais puissante : en associant des données patients (antécédents médicaux, réponses aux traitements précédents, etc.) à des modèles biologiques réalistes, Orakl crée un environnement où les traitements peuvent être testés dans des conditions proches de la réalité, mais à moindre coût et avec un meilleur taux de réussite.

La collecte des données et les partenariats avec les hôpitaux

Pour réussir à créer ces avatars, Orakl recueille des données cliniques et biologiques à partir de patients dans le cadre de partenariats avec des hôpitaux. Ces informations sont collectées avec un grand soin, en prenant en compte plus de 40 variables pour chaque patient. Ces données incluent l’historique médical, les traitements antérieurs, et la manière dont les patients réagissent à certains médicaments. Cette approche multidimensionnelle permet à la start-up de constituer une base de données particulièrement riche, qui sera essentielle pour le succès des avatars tumoraux.

En plus des données, Orakl prélève des cellules tumorales lors des biopsies pour les cultiver en laboratoire, où elles peuvent être amplifiées et étudiées de manière détaillée. Ce processus permet de créer des avatars qui peuvent être utilisés pour simuler différents traitements et identifier les plus prometteurs avant qu’ils n’entrent dans la phase clinique.

La stratégie d’internationalisation et les ambitions futures

Un des grands objectifs de cette levée de fonds est de commercialiser cette technologie auprès des laboratoires pharmaceutiques et des biotechs, avec l’ambition de contribuer à l’amélioration des essais cliniques à l’échelle mondiale. L’Institut Gustave Roussy, premier centre européen de lutte contre le cancer, est déjà un partenaire clé dans ce projet. Cependant, Orakl veut étendre son réseau en établissant des partenariats avec d’autres centres de recherche en France et à l’international.

L’un des enjeux majeurs pour Orakl est d’élargir son portefeuille d’avatars tumoraux. L’entreprise vise à atteindre les 1 000 avatars d’ici fin 2026, pour couvrir un large éventail de types de cancer, avec une attention particulière aux cancers digestifs, notamment le cancer du pancréas. Ce développement nécessitera des recrutements supplémentaires, avec une dizaine de postes à pourvoir pour soutenir cette phase de croissance.

Un modèle « Tech Bio » pour fusionner biologie et technologie

Orakl se distingue de nombreuses entreprises biotechnologiques en se définissant comme une « tech bio » plutôt qu’une simple biotech. En effet, Orakl part de la technologie pour améliorer l’analyse des données biologiques, là où les biotechs partent souvent de la biologie pour développer des solutions technologiques. Cette distinction est importante, car elle permet à Orakl de se positionner à l’avant-garde des innovations technologiques appliquées à la médecine personnalisée, un domaine en pleine expansion.

Vers un avenir plus prometteur pour les essais cliniques

La levée de fonds de 11 millions d’euros marque une étape importante pour Orakl Oncology, qui entend transformer les pratiques de recherche et de développement de nouveaux médicaments contre le cancer. Grâce à son approche innovante basée sur les avatars tumoraux et la collecte de données précises, Orakl pourrait réduire le taux d’échec des essais cliniques et, in fine, accélérer la mise sur le marché de traitements plus efficaces. En élargissant ses partenariats et en développant de nouvelles technologies, la start-up a toutes les cartes en main pour jouer un rôle crucial dans l’avenir de la médecine de précision.

A propos de l'auteur de l'article

Clémence Minota

Rédactrice santé & innovation

Je suis rédactrice spécialisée en santé et innovation, passionnée par l'impact des technologies sur l'évolution des soins médicaux. Mon expertise consiste à décrypter les dernières avancées du secteur et à fournir des contenus clairs et pertinents pour les professionnels de santé.