DrugOptimal, une IA au service des soignants

Les erreurs médicamenteuses restent l’un des maillons faibles du parcours de soin. En milieu hospitalier, la complexité des prescriptions et la charge de travail des équipes soignantes favorisent les incompatibilités médicamenteuses, avec des conséquences potentiellement graves : toxicité, inefficacité des traitements, voire décès. Selon la Société Française de Pharmacie Clinique (SFPC), ces erreurs représentent 18,6 % des incidents médicamenteux recensés.

À Grenoble, DrugOptimal a développé une solution basée sur l’intelligence artificielle pour répondre à cet enjeu critique. Son logiciel, déployé directement auprès des soignants, analyse en temps réel les prescriptions pour identifier les risques d’interactions physico-chimiques et proposer des alternatives sécurisées. Une avancée qui pourrait transformer la gestion des traitements en établissement de santé et renforcer la sécurité des patients.

Un défi quotidien pour les équipes soignantes

Dans un hôpital, un infirmier peut administrer plusieurs dizaines de traitements par jour. Avec des prescriptions souvent complexes et une charge de travail intense, il est difficile d’identifier immédiatement les incompatibilités entre molécules. Certains mélanges peuvent provoquer des réactions chimiques invisibles à l’œil nu mais aux conséquences parfois dramatiques : occlusions de cathéters, baisse d’efficacité d’un médicament, ou encore production de substances toxiques.

« L’administration des médicaments est une étape critique dans la chaîne de soins. En tant que pharmacien, j’ai pu constater combien les incompatibilités médicamenteuses sont difficiles à intercepter et pourtant fréquentes », explique Lugan Flacher, cofondateur et président de DrugOptimal.

Face à ces risques, DrugOptimal apporte une réponse concrète en intégrant un outil de contrôle directement dans le processus de soin.

DrugOptimal : une IA au cœur du circuit médicamenteux

Développé par une équipe de chercheurs en intelligence artificielle, chimie et pharmacie, DrugOptimal repose sur une plateforme analytique haut débit, capable de détecter les incompatibilités entre molécules. Son modèle d’IA est entraîné sur d’importantes bases de données de compatibilités physico-chimiques et s’améliore en continu grâce aux retours des professionnels de santé.

Concrètement, le logiciel s’intègre dans les systèmes de prescription hospitaliers et alerte en temps réel les soignants en cas de risque d’interaction médicamenteuse. Mais il ne se contente pas d’un simple signalement : il propose aussi des alternatives d’administration adaptées, permettant de contourner le problème sans retarder la prise en charge du patient.

Déployée en pharmacie et en service hospitalier, cette technologie a déjà démontré son efficacité. Selon DrugOptimal, son système intercepte en moyenne 400 erreurs médicamenteuses par mois. Un gain majeur en termes de sécurité des soins, mais aussi un allègement considérable de la charge mentale des soignants, qui peuvent se concentrer sur l’acte de soin plutôt que sur des vérifications complexes et chronophages.

Une innovation qui repense la gestion du risque médicamenteux

L’approche de DrugOptimal s’inscrit dans une dynamique plus large de sécurisation du circuit du médicament. Alors que les erreurs médicamenteuses restent l’une des principales causes d’effets indésirables en milieu hospitalier, l’IA apparaît comme un levier puissant pour renforcer la vigilance des équipes médicales.

Mais pour être efficace, une telle technologie doit répondre à plusieurs enjeux clés :

• Fiabilité et précision des analyses : L’IA doit être en mesure d’identifier les incompatibilités avec un taux d’erreur minimal, en prenant en compte les contextes spécifiques des patients.
• Facilité d’intégration dans les workflows hospitaliers : Un outil trop complexe ou mal intégré risquerait d’être sous-utilisé par les soignants.
• Adoption par les professionnels de santé : Une technologie médicale ne peut être efficace que si elle est acceptée et utilisée par ceux qui en ont besoin.

C’est pourquoi DrugOptimal ne se limite pas à un simple logiciel. L’entreprise propose également des formations certifiées Qualiopi pour sensibiliser les soignants aux enjeux des incompatibilités médicamenteuses et les accompagner dans l’adoption de ces nouvelles solutions.

Vers une généralisation de l’IA dans la gestion des médicaments ?

L’intelligence artificielle s’impose progressivement dans le secteur pharmaceutique et hospitalier, mais son déploiement à grande échelle soulève encore des interrogations. Quelle est la place de l’IA dans la prise de décision clinique ? Jusqu’où peut-on automatiser la gestion des risques médicamenteux sans nuire à l’expertise humaine ?

DrugOptimal apporte une réponse pragmatique en ne remplaçant pas l’expertise des soignants, mais en l’enrichissant. En fournissant des données fiables en temps réel et en proposant des solutions adaptées, son logiciel agit comme un assistant intelligent, permettant de sécuriser l’administration des médicaments sans ajouter de contrainte supplémentaire aux équipes médicales.

Alors que l’entreprise collabore déjà avec plusieurs établissements de santé et laboratoires académiques, la question se pose : cette technologie deviendra-t-elle un standard dans les hôpitaux français ? Avec des résultats prometteurs et une adoption croissante, DrugOptimal pourrait bien représenter l’avenir de la gestion des interactions médicamenteuses.