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Grandes tendances de la e-santé 2025 : Comment la France réinvente le modèle européen de santé numérique

Entre souveraineté technologique, IA clinique et éco-responsabilité, un consensus émerge : la France capitalise sur ses atouts réglementaires et éthiques pour devenir le laboratoire européen d'une médecine numérique inclusive.

Résumé audio de l’article en 30 secondes

 

Les 28 janvier 2025, la Station F a vibré au rythme des Grandes Tendances de la E-Santé, événement phare organisé par Interaction Healthcare. Avec plus de 6 000 participants connectés et 700 acteurs présents, cette 9ᵉ édition a confirmé son statut de rendez-vous incontournable pour décrypter l’avenir du numérique en santé. Placée sous le haut patronage du Dr Yannick Neuder, ministre chargé de la Santé et de l’Accès aux soins, l’édition 2025 a mis en lumière les transformations profondes portées par l’IA, la souveraineté numérique et l’innovation centrée sur le patient.

Entre démonstrations technologiques, tables rondes stratégiques et retours d’expérience, les débats ont souligné une réalité : la santé numérique n’est plus une option, mais le socle d’un système de soins plus efficient, durable et humain.

Interview du ministre de la Santé et de l’Accès aux soins : Vision stratégique pour l’IA et l’innovation numérique

Lors de son intervention aux Grandes Tendances de la E-Santé, Yannick Neuder, ministre de la Santé et de l’Accès aux soins, a exposé sa feuille de route pour intégrer l’IA et les technologies numériques dans le système de santé français, avec trois priorités majeures :

1. Formation des professionnels : anticiper la révolution technologique

Le ministre insiste sur la nécessité de sensibiliser les soignants dès la formation initiale :
– Introduction de modules sur l’IA dans les cursus médicaux et paramédicaux.
– Promotion de doubles cursus (médecine-ingénierie) pour créer des profils hybrides.
« Nos jeunes générations doivent maîtriser ces outils pour sécuriser les prescriptions et améliorer l’efficience »

De la gauche vers la droite : Jérôme Leleu (Interaction Healthcare), Sandrine Cochard (Mind Health), Dr Yannick Neuder (Ministre chargé de la Santé et de l’Accès aux soins).

2. Évaluation et déploiement des innovations

Le ministre souligne l’importance d’une validation médico-économique rigoureuse :
– Collaboration avec la Haute Autorité de Santé pour mesurer les gains en temps et en qualité de soins.
– Focus sur la médecine prédictive et la prévention via l’analyse de données massives.
« L’IA doit nous aider à réduire les déficits tout en soignant mieux »

Technologie au service de l’humain : l’exemple Wondercraft

En présence de Kevin Piette, patient paraplégique équipé d’un exosquelette, le ministre a défendu une approche centrée sur le patient :
– Bénéfices cliniques : lutte contre l’ostéoporose, amélioration cardiovasculaire et neurologique.
– Modèle économique : plaidoyer pour un remboursement par l’Assurance Maladie, inspiré du modèle américain (Medicare).
« Cette technologie prolonge la qualité et l’espérance de vie, tout en réduisant les coûts hospitaliers »

« Le numérique ne doit pas remplacer l’humain, mais libérer du temps soignant pour la relation thérapeutique », conclut-il, citant son expérience de cardiologue.

 

E-santé : La France en ordre de marche pour une leadership européen

Lors de la table ronde « E-Santé : Un développement mondial aux rythmes inégaux… », Dr Vincent Bouvier (VIDAL), Louisa Stüwe (DNS), Loïc Chabanier (EY) et Nienke Feenstra (Takeda France) ont exposé les leviers stratégiques pour positionner la France comme acteur clé de la santé numérique mondiale.

1. Stratégie européenne : L’EHDS, catalyseur d’interopérabilité

Louisa Stüwe a rappelé l’urgence de l’Espace Européen des Données de Santé (EHDS) :
– Certification obligatoire des dispositifs médicaux numériques d’ici 2026, avec des normes communes pour sécuriser les échanges transfrontaliers.
– Portail unique pour l’accès aux données de recherche, combinant anonymisation et traçabilité éthique. « La France co-pilote ce chantier avec l’Allemagne, preuve de notre influence normative ».

De la gauche vers la droite : Nienke Feenstra (Takeda France), Loïc Chabanier (EY), Jérôme Leleu (Interaction Healthcare), Sandrine Cochard (Mind Health) ,Louisa Stüwe (DNS), Dr Vincent Bouvier (VIDAL),

2. VIDAL : L’export du savoir-faire français

Vincent Bouvier a détaillé l’expansion internationale de VIDAL dans 30 pays, malgré des défis structurels :
– Interopérabilité sémantique : Adaptation des algorithmes aux spécificités locales (ex. : définition du « surdosage » différente en Argentine).
– Partenariats publics-privés : Collaboration avec les CHU pour déployer des solutions de télésurveillance en oncologie, déjà adoptées au Brésil et en Allemagne.

3. Modèles économiques : Le plaidoyer d’EY pour l’agilité

Loïc Chabanier a insisté sur la nécessaire harmonisation européenne :
– 25 pays sur 29 en Europe ont un dossier patient informatisé, mais les modèles de remboursement divergent (ex. : Allemagne vs France).
– Appel à des consortiums pour mutualiser les coûts de R&D, citant l’exemple des jumeaux numériques en cancérologie développés avec Gustave Roussy.

4. Takeda France : L’IA au service de la médecine personnalisée

Nienke Feenstra a présenté les initiatives Aurora (suivi du sommeil via biomarqueurs) et Cities for Better Health (dépistage des maladies rares via IA) :
– Investissement de 1,5 Md€ en France, dont 40 % dédiés à l’innovation numérique.
« L’IA réduit de 3 ans le développement des molécules et améliore le recrutement dans les essais cliniques ».

Quelques leviers identifiés :
– Accélérer l’EHDS via le programme G_NIUS pour benchmarker les pratiques européennes.
– Financer les scale-up via le Pfizer HealthCare Hub, ayant accompagné 150 startups depuis 2020.
– Former les DSI hospitaliers aux enjeux de souveraineté cloud, avec un focus sur NumSpot (hébergement HDS).

« La France a les atouts pour devenir le hub européen de la e-santé, à condition de transformer ses complexités en avantages compétitifs », conclut Loïc Chabanier.

L’e-santé au service de la recherche et des patients : une révolution collaborative

La table ronde « E-santé : Quand la recherche monte en puissance au bénéfice des patients » a réuni des acteurs clés de l’innovation en santé pour discuter des avancées et des enjeux de la recherche numérique. Les intervenants ont souligné l’importance cruciale de la collaboration entre tous les acteurs de l’écosystème pour accélérer l’innovation au bénéfice des patients.

L’intelligence artificielle, moteur de l’innovation en santé

Une accélération spectaculaire de la recherche

Reda Guiha, président de Pfizer France, a mis en lumière l’impact considérable de l’IA sur la R&D pharmaceutique :

– Multiplication par 3 des chances de succès en phase clinique, passant de 7% à 21%
– Gain de 3 ans sur le développement des médicaments ces dernières années

Des applications concrètes en plein essor

Corinne Blachier-Poisson, présidente d’Amgen France, a présenté deux projets innovants :

– Le projet AIIPIK avec le CHU de Toulouse, utilisant l’IA pour optimiser le recrutement dans les essais cliniques en oncologie
– La plateforme Klinéo, mettant en relation investigateurs et patients éligibles aux essais cliniques grâce à des algorithmes

De la gauche vers la droite : Reda Guiha (Pfizer), Axelle Ayad (Mapatho), Jérôme Leleu (Interaction Healthcare), Sandrine Cochard (Mind Health), Benjamin Garel (PSCC), Corinne Blachier-Poisson (Amgen),

Le patient au cœur de l’innovation numérique

Une volonté affirmée de participation

Axelle Ayad, patiente et CEO de Mapatho, a souligné l’engagement des patients dans la recherche :

– 80% d’acceptation de l’usage des données de santé parmi les 150 000 utilisateurs de Mapatho
– Une proactivité croissante des patients souhaitant participer aux essais cliniques

Vers une démocratisation de l’accès aux essais

Les intervenants ont insisté sur la nécessité de faciliter l’accès des patients aux essais cliniques :

– Développement de plateformes comme Klinéo pour permettre aux patients d’être proactifs
– Importance de la pédagogie sur l’utilisation des données de santé

Un écosystème collaboratif en pleine structuration

Le Paris-Saclay Cancer Cluster, catalyseur d’innovation

Benjamin Garel, directeur général du PSCC, a présenté la vision du cluster :

– Création d’un « quartier de ville contre le cancer » de 100 000 m² autour de Gustave Roussy
– Collaboration étroite avec les associations de patients pour co-construire les solutions

Des partenariats public-privé renforcés

Reda Guiha a détaillé la stratégie de Pfizer en matière de partenariats :

– Investissement d’1,5 milliard d’euros en France, dont 40% dans la recherche
– Collaboration avec des sociétés spécialisées en préclinique comme Evotec
– Participation à des initiatives comme Biolabs à l’AP-HP pour soutenir les startups

Les défis à relever pour une e-santé éthique et performante

Qualité et accessibilité des données

Les intervenants ont souligné l’importance cruciale de disposer de données de qualité :

– Nécessité d’accéder rapidement à des données structurées pour la recherche
– Potentiel de Mon Espace Santé comme base de données pérenne pour l’innovation

Formation et acculturation des professionnels

Un consensus s’est dégagé sur le besoin de former l’ensemble des acteurs :

– Nécessité de former médecins et pharmaciens à l’IA
– Importance de l’acculturation des patients aux enjeux de la donnée de santé

En conclusion, cette table ronde a mis en lumière la dynamique collaborative qui s’installe entre industriels, startups, institutions et patients pour accélérer l’innovation en e-santé. Si les défis restent nombreux, notamment en termes d’éthique et de gouvernance des données, l’engagement de tous les acteurs laisse entrevoir des avancées majeures dans les années à venir au bénéfice des patients.

E-santé : Les patients, catalyseurs d’une innovation centrée sur l’humain

Lors de la table ronde « E-santé : Quels rôles des patients en matière d’innovation en santé ? », Isabelle Laforgue (AstraZeneca), Claire Portefaix (Viatris), Anne-Sophie Joly (CNAO) et Guillaume Gaud (Continuum+) ont défendu une approche co-construite avec les usagers, mêlant pragmatisme et éthique.

1. Co-conception : sortir du « pour » vers le « avec »

Anne-Sophie Joly a insisté sur l’urgence d’impliquer les patients dès la phase de conception :
> « Les attentes des patients ne sont pas celles des professionnels. L’e-santé doit répondre à des besoins de proximité immédiats, comme dans l’observance des traitements lourds en oncologie ».
Elle cite l’exemple des 10 millions de patients obèses en France, dont les comorbidités chroniques exigent des outils numériques préventifs et personnalisés.

Guillaume Gaud a illustré cette démarche avec Continuum+ :
> « Nous avons co-construit une télésurveillance en oncologie en intégrant infirmières et pharmaciens de ville. Le numérique doit humaniser, pas isoler ».
Son approche combine un parcours pluriprofessionnel (hôpital-ville-domicile) et des alertes automatisées pour anticiper les effets secondaires.

2. Financement : le casse-tête des modèles pérennes

Claire Portefaix a alerté sur un écosystème encore trop dépendant des pilotes :
> « Hors télésurveillance, le reste des innovations peine à trouver un modèle économique. 2025 doit être l’année du passage à l’échelle ».
Chez Viatris, elle mise sur des partenariats avec des startups comme Ludocare (robot Joe pour l’asthme pédiatrique) ou Bliss (casque de sédation digitale), tout en soulignant :
> « Les patients français ne paieront pas de leur poche. Il faut des financements publics-privés ».

Isabelle Laforgue a pointé un frein structurel :
> « La data santé est fragmentée et peu exploitée en usage secondaire. Nos algorithmes butent sur des silos institutionnels ».
Elle plaide pour des consortiums (comme AGORiA SANTÉ) mutualisant données et expertise.

3. Formation et acculturation : le chaînon manquant

Un consensus a émergé sur le besoin d’éduquer les professionnels :
– Guillaume Gaud a critiqué le « tout-hospitalier » des dispositifs actuels, appelant à former médecins et pharmaciens à l’IA.
– Isabelle Laforgue a cité l’exemple d’une solution d’aide à la décision en pneumologie testée via des ateliers médecin-mathématicien.

Anne-Sophie Joly rappelle l’enjeu sociétal :
> « La e-santé doit éviter la double peine : 29 % de Français obèses en 2030, dont des enfants de 9 ans avec stéatose hépatique ».

Quelques leviers identifiés :
Article 51 pour expérimenter des parcours pluriprofessionnels remboursés
Consentement éclairé simplifié pour l’usage secondaire des données
Labellisation des solutions via des référentiels patients-professionnels

« L’innovation ne se décrète pas en laboratoire, mais dans la boue du réel avec ceux qui vivent la maladie », conclut Anne-Sophie Joly.

 

Dominique Pon défend une souveraineté numérique « maligne » pour préserver l’éthique en santé

Lors d’un entretien exclusif, Dominique Pon, directeur général de La Poste Santé & Autonomie, a exposé sa vision d’un numérique souverain dans le secteur médical. Une stratégie présentée comme un impératif éthique et économique.

1. Souveraineté ≠ autarcie : une stratégie d’indépendance ciblée

Pour Dominique Pon, la souveraineté numérique est un « levier pour protéger les valeurs du système de santé français : solidarité, égalité, liberté individuelle« . Il rejette l’idée d’autarcie au profit d’une « indépendance technologique maligne« , ciblant des niches stratégiques :
Cloud santé sécurisé : Référencement du cloud NumSpot (HDS et SecNumCloud) par le Resah et la CAIH, avec un objectif de 100 % de données hébergées en France d’ici 2026.
IA générative médicale : Déploiement de DALVIA Santé, solution développée avec Mistral AI pour la synthèse de comptes rendus cliniques, entraînée sur des données francophones.

« En 10 mois, nous avons créé une IA souveraine de synthèse médicale. La bataille n’est pas perdue face aux GAFAM », souligne-t-il.

2. Trois chantiers concrets pour 2025

La Poste Santé & Autonomie structure son action autour de :
1. Infrastructures critiques : Déploiement de 15 data centers régionaux dédiés à la santé d’ici fin 2025, en partenariat avec des CHU.
2. Écosystème start-up : Accélération de l’incubateur Hi-Lab, ayant déjà accompagné 30 jeunes pousses sur les objets connectés médicaux.
3. Formation : Lancement d’un programme de certification « Référent souveraineté numérique en santé » à destination des DSI hospitaliers .

Dominique Pon (La Poste Santé & Autonomie), Jérôme Leleu (Interaction Healthcare), Sandrine Cochard (Mind Health)

3. Un manifeste politique contre la « résignation technologique »

Dominique Pon alerte sur « l’ambiguïté française » en matière de stratégie numérique, appelant à une « alliance public-privé à l’allemande » :
Financements : « Nos établissements et startups sont financés par les cotisations sociales. Ces fonds doivent irriguer notre économie, pas les fonds de pension californiens« .
Doctrine : Plaidoyer pour une « charte européenne de l’IA en santé » encadrant l’usage des algorithmes dans les décisions médicales.

2025 : année charnière
Parmi les priorités affichées :
DALVIA 2.0 : Intégration de modules de prédiction des risques cliniques dans l’IA générative.
Pass Santé Autonomie : Portefeuille digital unifié regroupant dossier médical, rendez-vous et télésuivi pour 5 millions d’usagers.

« La souveraineté ne se décrète pas, elle se construit cas d’usage par cas d’usage », conclut Dominique Pon.

 

Thomas Fatôme dévoile les priorités numériques de l’Assurance Maladie pour 2025

Lors des Grandes Tendances de la e-santé, Thomas Fatôme, Directeur Général de la CNAM, a exposé sa feuille de route pour moderniser le système de santé français. Trois axes majeurs se dégagent :

1. L’IA en santé : un cadre éthique renforcé

La CNAM accompagne l’adoption de l’intelligence artificielle avec des projets concrets comme l’analyse d’électrocardiogrammes ou d’imagerie médicale. « Nous travaillons à des recommandations pour garantir un contrôle humain et un cadre juridique clair« , précise-t-il, soulignant l’importance de la « sécurité des données et de la transparence algorithmique« .

2. La révolution numérique au quotidien

Ordonnance électronique : Déjà utilisée par « 30 000 médecins et 10 000 pharmacies« , elle lutte contre les fraudes et simplifie le suivi des patients.
Carte Vitale dématérialisée : « Ce petit rectangle jaune et vert devient accessible sur smartphone […] Plus d’oubli, plus de perte« , annonce Fatôme, tout en conservant le support physique.

Jérôme Leleu (Interaction Healthcare), Sandrine Cochard (Mind Health), Thomas Fatôme (Assurance Maladie)

3. Télémédecine : vers un modèle régulé

Le rapport « Charges et Produits«  prévoit un « déploiement maîtrisé » de la téléconsultation. « Nous privilégions les lieux de santé classiques plutôt que les gares« , explique-t-il, tout en reconnaissant les besoins des territoires sous-dotés.

En synthèse, l’Assurance Maladie accélère sa transformation en ciblant l’interopérabilité des outils et l’appropriation par les usagers. « Le numérique doit entrer dans le quotidien des pratiques sans sacrifier la sécurité« , conclut Fatôme, rappelant que « 20 ans de discussions deviennent enfin réalité« .

Les services de e-santé durables, accélérateurs de performance systémique

Lors de la table ronde « Les services de e-santé durables sont-ils un levier de performance ? », Virginie Gervais-Coisel (Philips France), Laurence Comte-Arrassus (SNITEM) et Étienne Tichit (Novo Nordisk) ont partagé leurs visions pour conjuguer innovation numérique, sobriété environnementale et efficience des soins.

1. Éco-conception et partenariats territoriaux

Virginie Gervais-Coisel a illustré la transformation structurelle chez Philips avec l’exemple des IRM *BlueSeal*, réduisant la consommation d’hélium de 1500 à 7 litres grâce à un circuit fermé. « C’est une révolution technologique qui allège l’impact environnemental tout en sécurisant l’approvisionnement« , souligne-t-elle.
Le partenariat avec le CHU de Rennes vise à diminuer de 40 tonnes d’émissions CO₂ par salle de neuroradiologie, via l’optimisation énergétique et la réutilisation des consommables.

Étienne Tichit (Novo Nordisk), Jérôme Leleu (Interaction Healthcare), Sandrine Cochard (Mind Health), Laurence Comte-Arrassus (SNITEM) et Virginie Gervais-Coisel (Philips France) – à distance –

2. RSE et mutualisation des données

Laurence Comte-Arrassus a insisté sur la responsabilité collective des industriels : « 97 % des données médicales générées ne sont pas exploitées. L’IA doit nous aider à valoriser ce gisement pour des parcours de soins optimisés« .
Le SNITEM promeut une charte RSE et une journée dédiée (17 juin 2025) pour accélérer l’adoption de pratiques durables, notamment chez les PME. « La souveraineté numérique passe par une croissance maîtrisée des startups« , ajoute-t-elle.

3. Prévention décentralisée et thérapies connectées

Étienne Tichit a présenté l’initiative *Cities for Better Health*, déployant des solutions hyperlocales comme les « serres connectées » à Strasbourg pour améliorer l’accès aux légumes frais dans les écoles. Novo Nordisk mise aussi sur des thérapies numériques rechargeables (en partenariat avec DTX) pour réduire les déchets liés aux dispositifs injectables.
« La prévention primaire repose sur des briques technologiques testées en conditions réelles, puis mises à l’échelle« , explique-t-il, citant des outils de télésurveillance glycémique.

« La durabilité n’est pas un frein, mais un accélérateur de performance quand l’innovation est co-construite », conclut Virginie Gervais-Coisel.

 

Les Grandes Tendances de la E-Santé 2025 ont acté une évolution majeure : le numérique n’est plus un outil isolé, mais l’épine dorsale d’une médecine préventive, personnalisée et accessible. Les interventions du ministre de la Santé, des industriels et des startups ont convergé vers trois impératifs : former les professionnels à l’IA, structurer des modèles économiques pérennes et placer le patient au cœur de l’innovation. La démonstration de l’exosquelette Wondercraft, symbole d’une technologie libératrice, a rappelé que l’humain reste la finalité ultime.

Alors que la France affirme son leadership européen grâce à des initiatives comme l’Espace Européen des Données de Santé (EHDS), l’événement a aussi mis en garde contre les écueils : fragmentation des données, frilosité financière et défiance citoyenne. Reste un constat unanime : la santé de demain s’écrit aujourd’hui, à travers des alliances public-privé et une éthique irréprochable. Comme l’a résumé le ministre Neuder : « Le numérique doit libérer du temps soignant, pas remplacer l’humain ». Un équilibre délicat, mais essentiel, pour relever les défis sanitaires des prochaines décennies.

 

 

Yasmine Achour

Yasmine Achour est la rédactrice en chef de Medtech France, où elle met à profit son expertise en communication et sa passion pour la santé mentale, la santé de la femme, et la technologie. Elle transforme les idées innovantes des entrepreneurs en santé en messages percutants, visant à amplifier leur impact dans le domaine de la santé.

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