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Approches centrées sur l’utilisateur dans la conception de technologies médicales innovantes

Découvrez comment l’approche centrée utilisateur transforme la conception des dispositifs médicaux en plaçant les besoins des patients et des professionnels de santé au cœur du développement.

Le résumé de l’article en 30 secondes : 

 

Dans un secteur aussi exigeant que celui des dispositifs médicaux, garantir l’adéquation entre le produit et les besoins des utilisateurs finaux, qu’ils soient patients ou professionnels de santé, est un défi majeur. Une conception non adaptée peut engendrer des erreurs d’utilisation, limiter l’adoption et compromettre l’efficacité clinique. C’est pourquoi l’approche centrée utilisateur (CCU) s’impose aujourd’hui comme une méthodologie clé. En plaçant les attentes et contraintes des utilisateurs au cœur du processus de développement, elle permet de concevoir des dispositifs plus intuitifs, sûrs et adaptés. Mais comment les concepteurs peuvent-ils mettre en œuvre cette démarche pour répondre aux défis du secteur ? Entretien avec Ilona Giraud et Amandine Broussier, co-fondatrice de la société Usarea, une société pour rendre les dispositifs médicaux plus intuitifs, plus sûrs, et vraiment adaptés à ceux qui les utilisent.

Comment les concepteurs de dispositifs médicaux peuvent-ils s’assurer que leurs produits répondent véritablement aux besoins des utilisateurs finaux, qu’il s’agisse de patients ou de professionnels de santé ?

Pour répondre véritablement aux besoins des utilisateurs finaux, qu’il s’agisse de patients ou de professionnels de santé, les concepteurs de dispositifs médicaux doivent s’assurer que leurs produits sont non seulement fonctionnels, mais aussi intuitifs, adaptés aux attentes des utilisateurs et surtout qu’ils répondent à une réelle problématique. Dans le cas contraire, cela peut entraîner des erreurs d’utilisation mais également une adoption limitée, compromettant ainsi l’efficacité et le succès du dispositif. C’est pourquoi il est crucial de placer les besoins et les comportements des utilisateurs au cœur du processus de développement.

L’une des approches les plus efficaces pour atteindre cet objectif est la conception centrée utilisateur. Cette approche place les besoins, attentes et contraintes des utilisateurs finaux au cœur du processus de développement et repose sur une compréhension approfondie des utilisateurs finaux grâce à une prise en compte de ceux-ci à chaque étape du processus. Cela permet ainsi de créer un dispositif répondant à un ou des besoins des patients et/ou des professionnels de santé, avec une interface facile à utiliser et des fonctionnalités adaptées. Mais comment la mettre en place ?

Dans un premier temps, il est essentiel de mener une phase de recherche utilisateur approfondie auprès des utilisateurs finaux. Cette étape vise à analyser leurs besoins, attentes et comportements à travers diverses méthodes telles que des entretiens, des observations, des focus groups, des questionnaires, etc. Une combinaison de méthodes qualitatives (par exemple, des entretiens pour explorer en profondeur) et quantitatives (comme des questionnaires pour valider les hypothèses auprès d’un panel plus large) est souvent idéale pour obtenir des données riches et fiables.

Cette phase de recherche permet aux concepteurs de produire plusieurs outils clés pour mieux comprendre leurs utilisateurs finaux. Parmi eux :

  • Les persona, des représentations fictives d’utilisateurs types basées sur des données réelles, qui aident à mieux comprendre les motivations, besoins et frustrations des utilisateurs.
  • Les cartes d’empathie, qui offrent une synthèse visuelle des propos, pensées, actions et ressentis des utilisateurs, apportant une vision plus profonde de leur vécu.
  • Les experience maps, des vues d’ensemble des étapes et émotions vécues par un utilisateur tout au long d’un parcours spécifique, et les product journey maps, qui détaillent les interactions entre l’utilisateur et un produit ou service. Ces derniers permettent d’identifier les problèmes existants et d’explorer des pistes d’amélioration.

Ces différents outils et méthodologie permettent aux concepteurs de formaliser une stratégie de conception cohérente et centrée sur l’utilisateur, en s’assurant que chaque étape du processus répond à leurs réels besoins et attentes. De plus, ces supports favorisent une communication claire entre les parties prenantes, favorisant ainsi un dispositif aligné avec les attentes des utilisateurs finaux.

Une fois la stratégie de conception définie et les fonctionnalités clés identifiées pour répondre aux besoins, la phase de conception peut commencer. Tout au long de cette phase, il est primordial de réaliser des évaluations formatives, quel que soit le niveau d’avancement (ébauches, prototypes 3D, prototypes fonctionnels, maquettes, etc.).

Ces évaluations permettent d’identifier les points d’amélioration de l’interface afin de la rendre plus intuitive et efficace, tout en détectant les erreurs d’utilisation pouvant engendrer des risques. Cela permet de mettre en place des mesures de maitrises des risques adaptées pour maîtriser ces risques. Plus les retours des utilisateurs et des experts en ergonomie sont collectés tôt, moins les modifications seront coûteuses et plus elles seront faciles à intégrer.

Enfin, il est essentiel de diversifier les profils utilisateurs impliqués. Solliciter systématiquement les mêmes personnes peut introduire des biais : le produit doit être conçu pour répondre aux besoins d’un public varié, et non pour un type d’utilisateur spécifique ou une personne en particulier.

Ainsi, il est essentiel que les concepteurs adoptent une approche centrée sur l’utilisateur dès l’élaboration de la stratégie de conception et tout au long du développement. En définissant dès le départ les besoins et attentes des utilisateurs, puis en intégrant régulièrement leurs retours tout en ajustant le dispositif en conséquence, les concepteurs s’assurent que leur produit est à la fois intuitif, sécurisé et réponde véritablement aux besoins des patients et/ou professionnels de santé.

Une fois le dispositif mis sur le marché, l’amélioration continue doit rester une priorité. Les fabricants doivent continuer de recueillir et d’analyser les retours des utilisateurs dans le cadre du suivi post-commercialisation. Ces retours permettent d’identifier de nouvelles opportunités d’amélioration, d’anticiper d’éventuels problèmes et d’assurer que le dispositif répond toujours aux besoins des utilisateurs dans des contextes et environnements évolutifs.

En quoi une approche centrée sur l’utilisateur modifie-t-elle la manière de concevoir et de tester les technologies médicales, notamment en ce qui concerne les interfaces utilisateur ?

La conception centrée utilisateur (CCU) est une approche qui place les besoins, attentes et contraintes des utilisateurs finaux au cœur du processus de développement.

Cette approche centrée utilisateur vient bouleverser les méthodes traditionnelles de conception des dispositifs médicaux en s’assurant que chaque étape du processus de développement prend en compte la perspective des utilisateurs finaux, ce qui n’était pas nécessairement le cas auparavant.

En effet, elle repose sur le fait que les concepteurs et experts ne peuvent pleinement comprendre ni anticiper toutes les attentes, contraintes et comportements des utilisateurs les rencontrer ou sans les observer sur le terrain. De plus, en étant fortement impliqué dans un projet, il est facile de tomber dans un biais d’expertise où tout semble logique et intuitif, ce qui ne sera pas forcément le cas pour un utilisateur novice. Une première compréhension des besoins des utilisateurs avant même la conception permet ainsi de créer un dispositif répondant à un réel besoin.

Contrairement aux méthodes traditionnelles, souvent linéaires, la conception centrée utilisateur adopte une approche itérative où des concepts ou prototypes sont régulièrement présentés et testés auprès des utilisateurs finaux pour identifier rapidement les points d’amélioration et les intégrer. Cette approche itérative permet de déceler et de corriger les faiblesses de l’interface bien avant la mise sur le marché, ou même avant la finalisation du produit, contrairement à la méthode traditionnelle où ces problèmes n’étaient identifiés qu’à la fin du processus.

De plus, l’approche centrée utilisateur permet d’identifier dès les premières étapes les erreurs d’utilisation potentielles et de définir des mesures de maîtrise des risques à mettre en place.

La conception centrée utilisateur permet également de réduire les coûts de développement à long terme. En testant continuellement les prototypes et en intégrant les retours des utilisateurs, des ajustements sont effectués en amont, ce qui évite des modifications de dernière minute, des rappels de produits ou des réclamations juridiques coûteuses une fois le dispositif sur le marché. Ce processus d’amélioration continue assure non seulement un dispositif plus intuitif et efficace mais aussi une meilleure expérience pour les utilisateurs finaux, ce qui est essentiel pour son adoption et son succès.

La conception centrée utilisateur transforme donc le processus de développement des dispositifs médicaux en une approche plus agile et itérative, permettant le développement d’un dispositif plus intuitif, efficace et sûr, tout en économisant des coûts et des ressources sur le long terme et répondant aux exigences réglementaires

Quels exemples de technologies médicales innovantes peuvent illustrer l’impact positif d’une conception centrée sur l’utilisateur sur la qualité des soins et l’expérience patient ?

 Pour répondre à cette question de manière satisfaisante, il serait nécessaire de disposer d’exemples concrets et détaillés avec la certitude que les améliorations observées résultent réellement de la prise en compte des besoins utilisateurs et non d’une évolution technologique. Malheureusement, n’ayant pas ces exemples sous la main, nous préférons ne pas fournir une réponse qui risquerait de manquer de précision ou de profondeur.

Quelles méthodes de recherche et d’interaction avec les utilisateurs permettent d’identifier leurs besoins réels et d’intégrer ces retours dans les processus de conception des dispositifs médicaux ?

Il existe de nombreuses méthodes de recherche et d’interaction avec les utilisateurs qui peuvent être utilisées dans le cadre d’une approche centrée sur l’utilisateur. Ces méthodes interviennent à différentes étapes du processus de développement, de l’identification des besoins en passant par la conception, l’évaluation, et même après la mise sur le marché du dispositif. Chacune d’elles présente des avantages et des inconvénients, et elles peuvent être combinées de manière complémentaire selon les objectifs et le type d’information que l’on souhaite recueillir. Cependant, cette diversité de méthodes et de combinaisons possibles peut rendre le choix de la méthode la plus appropriée plus complexe pour les concepteurs.

Comprendre les deux types de méthodes

Il existe deux grandes catégories de méthodes : quantitatives et qualitatives. Chaque méthode a des avantages spécifiques, mais aucune n’est parfaite.

  • Méthodes quantitatives : Ces méthodes permet d’obtenir des données statistiques sur un échantillon de grande taille. Elles sont adaptées pour répondre au « quoi », « où », « quand ». (Exemple : questionnaires/enquêtes)
  • Méthodes qualitatives : Ces méthodes visent à explorer en profondeur les perceptions, attitudes, et comportements des utilisateurs auprès d’un échantillon de petite taille. Elles sont plus adaptées pour comprendre le “pourquoi” derrière les actions des utilisateurs. (Exemple : entretiens)

Pour obtenir des résultats complets et exploitables, il est souvent recommandé de combiner une méthode qualitative avec une méthode quantitative.

Par exemple, un questionnaire (quantitatif) pourra indiquer que 60 % des utilisateurs trouvent le bouton facile à presser, tandis qu’un entretien (qualitatif) pourra expliquer pourquoi : « Le bouton est un peu dur à appuyer, surtout quand je suis pressé. Je dois parfois appuyer plusieurs fois pour qu’il fonctionne. »

Quelques méthodes de recherche

  • Tests utilisateurs : Les tests utilisateurs consistent à observer des participants réaliser différentes tâches sur une interface. Ils permettent d’observer les problèmes d’ergonomie et de mieux comprendre les attentes, préférences et besoins des utilisateurs. Ils sont particulièrement efficaces lorsqu’ils sont intégrés tout au long du processus de conception pour détecter et rectifier les problèmes tôt et économiser du temps et des ressources.
  • Entretiens : Les entretiens permettent d’explorer les pensées, sentiments et comportements des utilisateurs. Ces échanges permettent de mieux comprendre les besoins, frustrations et attentes des utilisateurs. Bien qu’accessibles, notamment grâce aux entretiens à distance (par téléphone ou visioconférence), cette méthode présente une limite : les réponses fournies peuvent être influencées par la subjectivité des participants et ne reflètent pas toujours leur comportement réel.
  • Questionnaires : Les questionnaires permettent de collecter des données auprès d’un grand nombre d’utilisateurs. Leur simplicité d’exécution et leur coût réduit en font un outil populaire, particulièrement utile pour atteindre une population large. Cependant, la qualité des réponses peut varier : certaines peuvent être inexploitables ou manquer de clarté, ce qui limite parfois l’utilité des résultats obtenus.
  • Observations : L’observation des utilisateurs dans leur environnement réel permet de comprendre leurs comportements et observer les problématiques/manques auxquels ils font face sans interférer. Elle est souvent utilisée avant la conception pour comprendre les problèmes que le produit devra résoudre, pendant pour tester un prototype, ou après pour recueillir des retours sur l’utilisation du produit final. Cette méthode est particulièrement utile pour détecter des comportements inconscients, que les utilisateurs ne pourraient pas verbaliser lors d’un entretien.
  • Focus group : Les focus groups rassemblent plusieurs utilisateurs pour discuter de leurs perceptions, attitudes et croyances sur un sujet donné. Cette méthode est souvent utilisée en début de projet pour explorer les besoins ou pendant la conception pour tester des idées. Les échanges entre participants génèrent souvent des réflexions nouvelles et permettent d’explorer une variété de points de vue. Toutefois, la dynamique de groupe peut parfois influencer les résultats, notamment lorsque certaines voix dominent la discussion.
  • Co-conception : Enfin, la conception participative, ou participatory design, permet d’impliquer directement les utilisateurs dans le processus de création. Les participants sont invités à modéliser leur interface idéale, ce qui permet de mieux visualiser leurs idées et de tester leur faisabilité. Cette méthode est particulièrement utile pour aligner les attentes des utilisateurs et des concepteurs dès les premières étapes du projet. Elle permet également de voir rapidement les idées qui, bien que convaincantes à l’oral, peuvent ne pas fonctionner une fois mises en pratique.

Pour garantir la qualité et la pertinence des retours obtenus lors des études, un expert doit définir un protocole clair. Une fois les méthodes en place, l’expert devra superviser leur mise en œuvre, en veillant à ce qu’un modérateur qualifié anime les sessions qualitatives, afin d’assurer une collecte d’informations structurée et objective. Après avoir recueilli les données, l’expert analysera les retours en tenant compte de leur validité et de leur représentativité. Une fois l’analyse effectuée, les besoins identifiés et les retours des utilisateurs sont priorisés en fonction de leur impact et pertinence sur la conception du dispositif.

Ainsi, chaque méthode, qu’elle soit qualitative ou quantitative, présente des avantages et des inconvénients. Le choix des méthodes à utiliser pour identifier les besoins des utilisateurs dépend des informations que l’on souhaite recueillir à un moment donné du projet, ainsi que de l’objectif visé. Il est essentiel d’appliquer ces méthodes tout au long du développement du dispositif, non seulement pour identifier les besoins des utilisateurs, mais aussi pour recueillir leurs retours et s’assurer que les éléments et fonctionnalités mises en place répondent effectivement aux besoins identifiés.

Comment le secteur de la MedTech peut-il mieux collaborer avec les professionnels de santé et les patients pour améliorer la pertinence et la fonctionnalité des technologies médicales ?

Pour développer un dispositif qui répond véritablement aux besoins des utilisateurs, tout en étant intuitif, efficace et sûr, il est essentiel d’adopter une approche centrée utilisateur, en les intégrant à chaque étape du processus de développement.

Cela commence par une implication précoce des utilisateurs finaux, dès la définition des besoins via des ateliers collaboratifs, des entretiens ou encore des observations terrain, afin de comprendre leurs besoins réels, leurs contraintes, leur environnement de travail et d’identifier les problématiques auxquels ils sont confrontés. Ces informations servent de base pour définir un concept ou une nouvelle fonctionnalité pertinente et adaptée.

Tout au long du processus de conception, une approche itérative est indispensable. En intégrant régulièrement des retours utilisateurs, qu’ils soient professionnels, patients ou proches de patient, à travers des évaluations formatives, il devient plus facile d’identifier les problèmes d’ergonomie, d’anticiper les erreurs d’utilisation et d’ajuster rapidement les solutions proposées.

La surveillance post-commercialisation est également essentielle pour maintenir un dialogue continu avec les utilisateurs. Des enquêtes de satisfaction, des questionnaires, ou encore le suivi des appels au support technique et des retours utilisateurs, permettent de recueillir des informations sur l’utilisation réelle du produit. Ces données servent à améliorer continuellement l’expérience utilisateur et à anticiper les évolutions nécessaires.

La collecte de ces retours nécessite toutefois une collaboration régulière avec des utilisateurs représentatifs et des experts. Pour y parvenir, les fabricants disposent de plusieurs moyens leur permettant d’impliquer efficacement les utilisateurs dans le processus.

Les fabricants peuvent collaborer avec des hôpitaux ou faire appel à des prestataires de recrutement pour accéder à un large éventail d’utilisateurs finaux.

Un autre moyen de collaborer est d’organiser ou de participer à des groupes d’échanges avec les professionnels de santé et les patients, ou de collaborer avec des associations qui connaissent bien les défis rencontrés dans le quotidien des utilisateurs. Ces échanges offrent des perspectives précieuses et permettent de solliciter plus facilement un panel d’utilisateurs.

Il est également possible de constituer un groupe restreint d’utilisateurs privilégiés, comme des professionnels de santé référents ou des patients-experts, qui seront plus impliqués dans la conception et permettront aux fabricants d’obtenir des retours plus facilement et rapidement. Toutefois, il est important de ne pas se limiter à ce groupe d’utilisateurs privilégiés, car ils ne représentent pas nécessairement la diversité de la population cible. Les fabricants doivent veiller à diversifier les retours et valider les solutions avec des utilisateurs extérieurs à ce panel pour éviter de concevoir uniquement pour une fraction d’utilisateurs. De plus, un utilisateur expert pourra trouver l’usage du dispositif évident, tandis qu’un utilisateur novice pourrait rencontrer des difficultés ou faire des erreurs d’utilisation, n’ayant pas la connaissance accumulée par l’utilisateur expert.

Il existe donc plusieurs moyens pour les fabricants pour collaborer avec les professionnels de santé et les patients chacun ayant des avantages et des inconvénients. Travailler avec un panel régulier d’utilisateurs offre des avantages, notamment en facilitant les retours à chaque étape du développement. Cependant, ce type de panel peut rapidement manquer de diversité, ce qui peut entraîner des surprises lors de la validation avec des utilisateurs externes. Faire appel à des prestataires externes pour recruter des participants, notamment des profils novices ou rares, permet de diversifier les retours et d’assurer une évaluation plus représentative. Ce type de recrutement peut toutefois s’avérer coûteux, en particulier pour des profils spécifiques.

Un mélange réfléchi entre des panels réguliers et des recrutements externes permet de maximiser la richesse des retours. Cela garantit des retours réguliers permettant d’améliorer rapidement les fonctionnalités et la pertinence du produit, tout en les validant avec des utilisateurs novices en maintenant un coût raisonnable. En combinant ces approches, les fabricants peuvent améliorer la collaboration avec leurs utilisateurs et ainsi développer des produits plus sûrs, mieux adaptés et véritablement centrés sur leurs besoins.

Dans quelle mesure la réglementation actuelle encourage-t-elle l’adoption de pratiques centrées sur l’utilisateur dans la conception de nouveaux dispositifs médicaux ?

Le marquage CE en Europe et l’approbation de la FDA aux États-Unis jouent un rôle crucial pour garantir que les dispositifs médicaux ne sont pas seulement sûrs et efficaces, mais également adaptés aux besoins des utilisateurs finaux et aux contraintes de leur environnement. Ces cadres réglementaires imposent aux fabricants de se conformer à l’état de l’art, notamment en matière d’aptitude à l’utilisation, en s’appuyant sur des normes comme l’EN 62366-1:2015+A1:2020 (dispositifs médicaux) et l’EN 60601-1-6:2010+A1:2020 (dispositifs électromédicaux). Pour la FDA, cela passe par l’application de guidances spécifiques, telle que la “Human Factors and Usability Engineering Guidance”.

Ces normes et guidances reposent sur une approche de conception centrée sur l’utilisateur, plaçant les besoins, attentes et contraintes des utilisateurs finaux au cœur du développement. Cette approche favorise une compréhension approfondie des utilisateurs pour identifier et réduire les risques liés à l’utilisation grâce à des mesures de maîtrise adaptées.

Concrètement, ces exigences réglementaires s’articulent autour de plusieurs étapes clés :

  • Définir la spécification d’utilisation : Dès le début, les fabricants doivent identifier les utilisateurs, leurs contextes et leurs besoins, les encourageant à effectuer une recherche utilisateur approfondie avant la conception.
  • Gérer les risques liés à l’usage : Les fabricants sont tenus d’identifier les erreurs d’utilisation potentielles et de mettre en place des mesures correctives.
  • Réaliser des évaluations formatives : Tout au long du développement, ces évaluations, fortement recommandées, servent à améliorer le dispositif, identifier de nouveaux risques et valider l’efficacité des mesures mises en place.
  • Effectuer l’évaluation sommative : Obligatoire, cette phase consiste généralement à réaliser des tests utilisateurs pour vérifier que les risques résiduels sont acceptables et que le dispositif est prêt à être utilisé en conditions réelles.
  • Assurer un suivi post-commercialisation : Une fois le dispositif sur le marché, les fabricants doivent surveiller son utilisation réelle pour identifier tout problème inattendu. Ce suivi inclut des retours utilisateurs et une surveillance des incidents, afin de garantir une sécurité et une efficacité continue.

En respectant les exigences européennes et les directives FDA, les fabricants assurent non seulement la conformité réglementaire, mais aussi la sécurité et la satisfaction des utilisateurs finaux. L’approche centrée utilisateur permet d’anticiper les risques, d’optimiser la conception et d’offrir des dispositifs intuitifs et adaptés à leur contexte d’utilisation. Bien que l’investissement initial en termes de temps et de ressources pour adopter cette approche puisse sembler important, il permet de réduire considérablement les coûts à long terme. En identifiant et en corrigeant les problèmes dès les premières étapes de développement, les fabricants évitent des dépenses bien plus importantes liées aux modifications de dernière minute, aux rappels de produits, aux ajustements post-lancement, ou même aux réclamations juridiques en cas d’accidents. Cette stratégie garantit ainsi un meilleur retour sur investissement tout en renforçant la confiance des utilisateurs et des autorités de réglementation.

La réglementation actuelle joue donc un rôle clé dans l’adoption de pratiques centrées sur l’utilisateur pour les dispositifs médicaux. En exigeant des preuves d’une conception basée sur les besoins réels des utilisateurs et en imposant des études et évaluations rigoureuses à chaque étape du processus, elle contribue à garantir que ces dispositifs soient intuitifs, efficaces et sûrs, tout en répondant aux attentes des utilisateurs et en prenant en compte les contraintes et spécificité des environnements d’utilisation. Cette démarche, qui se poursuit même après la mise sur le marché, établit un cadre solide pour concevoir des solutions médicales intuitives, plus sûrs et centrées sur les besoins utilisateurs.

Mickael Lauffri

Passionné par l'innovation technologique et l'impact de la science sur la médecine, je suis rédacteur spécialisé dans le domaine des technologies médicales.

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