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L’essor de l’entrepreneuriat en santé et Medtech : Jean-Philippe Arié nous dit tout

Le secteur de la santé connaît une mutation profonde, portée par l'émergence de nouvelles technologies et l'essor de l'entrepreneuriat.

Les startups Medtech, avec leurs idées innovantes et leur agilité, jouent un rôle de plus en plus important dans cette transformation. Mais quels sont les moteurs de cet engouement ? Comment les startups s’intègrent-elles dans un écosystème complexe ? Et quel est l’impact de cette révolution sur les patients ? Réponse avec Jean-Philippe Arié, dirigeant du Luxembourg HealthTech Cluster de Luxinnovation depuis mars 2018.

Pourriez-vous nous expliquer brièvement votre rôle et votre expérience en lien avec l’IA dans le domaine de la santé ?

Je suis à la tête du Luxembourg HealthTech Cluster, géré par l’agence nationale d’innovation Luxinnovation. J’y suis quotidiennement confronté aux innovations en matière d’IA dans le domaine de la santé. Mon objectif est de favoriser l’émergence de solutions concrètes et de faciliter leur mise sur le marché. Je fais également partie du comité scientifique de la Healthcare Week Luxembourg.

Qu’est-ce qui, selon vous, explique cet engouement récent pour l’entrepreneuriat dans le secteur de la santé et de la Medtech ?

Tout d’abord, la multiplication et la démocratisation des technologies ont ouvert de nouvelles opportunités. Avec les vagues high-tech, la médecine a connu une évolution très rapide ces dernières années, offrant ainsi un terrain fertile à une innovation qui crée de la valeur et peut être profitable.

Ensuite, la santé est de plus en plus perçue comme un marché porteur, mais aussi un droit fondamental. Il y a une dimension éthique liée à ce secteur, car travailler dans la santé signifie répondre à des besoins essentiels. C’est perçu comme un travail noble et comme un secteur stratégique.

Enfin, chaque individu a un lien intime et personnel avec la santé : souvent, un entrepreneur aura une histoire liée à son innovation, par exemple un proche qui souffre d’une maladie en particulier. C’est par vocation.

Comment percevez-vous limpact des startups sur le secteur de la santé en général ? Sont-elles complémentaires ou en concurrence avec les acteurs traditionnels ?

Les startups se positionnent plutôt en complémentarité qu’en concurrence avec les acteurs traditionnels. Elles ont d’ailleurs compris la nécessité de s’intégrer dans la chaîne de soins existante, car leurs technologies ne peuvent en aucun cas remplacer l’expertise d’un professionnel de santé et l’environnement de soins établi.

Cependant, une certaine vigilance est de rigueur envers certaines solutions qui, motivées principalement par des intérêts financiers ou une mauvaise compréhension de l’organisation des acteurs traditionnels, pourraient ne pas apporter de réelle valeur ajoutée.

Les startups se doivent de collaborer étroitement avec les professionnels de santé dès les premières étapes de développement afin de s’assurer que leurs solutions répondent à un besoin réel.

Quels sont, selon vous, les principaux moteurs qui poussent les professionnels de la santé à se lancer dans l’entrepreneuriat ?

En réalité, il est assez rare de voir des professionnels de santé se lancer pleinement dans l’entrepreneuriat. Plus fréquemment, ils interviennent en tant que conseillers ou collaborateurs dans des programmes de recherche ou de développement.

Les questions de régulation et de conformité représentent-elles un frein ou une opportunité pour les startups Medtech ?

Bien que les startups en early stage puissent percevoir la régulation comme une barrière, elle représente en réalité une opportunité. La conformité aux réglementations crée un cercle de confiance essentiel dans le domaine de la santé. De plus, la régulation, si elle est bien comprise, agit comme un accélérateur car elle évite aux startups les « fausses routes », ce qui permet de dérisquer les investissements. Elle guide les startups vers des solutions viables et conformes, renforçant ainsi leur crédibilité et leurs chances de succès à long terme.

Comment évaluez-vous la collaboration entre les startups et les hôpitaux ou les cliniques ? Ces partenariats sont-ils bénéfiques pour les deux parties ?

Les collaborations entre startups et établissements de santé sont encore restreintes. Elles commencent généralement par des discussions et analyses de besoins, mais des collaborations plus profondes restent à développer, ce qui prend du temps et nécessite des plateformes d’échange pour mieux formaliser le cadre de ces partenariats. La Healthcare Week Luxembourg (HWL) a pour ambition de jouer ce rôle, en créant des opportunités de rapprochement entre le monde de la santé et celui de l’entrepreneuriat. Un stand dédié aux innovations technologiques luxembourgeoises dans le secteur a pour but de générer de l’enthousiasme, nourrir la curiosité et encourager les collaborations.

Quel rôle jouent les incubateurs, accélérateurs et investisseurs dans le développement de ces jeunes entreprises ?

Le Luxembourg offre un contexte favorable à l’entrepreneuriat, avec des structures d’aide et d’accélération bien établies, ainsi qu’un environnement financier propice à la création d’entreprises. Cette volonté politique de soutenir l’innovation se traduit par un cadre général favorable, qui encourage la création et le développement de startups HealthTech. Le cluster luxembourgeois HealthTech porté par Luxinnovation, ainsi qu’un événement d’envergure comme la Healthcare Week Luxembourg, illustrent parfaitement cette volonté politique.

Quels sont, selon vous, les secteurs ou spécialités médicales qui verront le plus de disruption par les startups dans les cinq prochaines années ?

Les startups auront principalement un impact sur l’organisation et la gestion des parcours de soins. Certaines spécialités comme la radiologie, la dermatologie et l’ophtalmologie, déjà habituées à l’innovation, pourraient connaître des avancées significatives, notamment dans le domaine de l’imagerie. La biologie moléculaire et cellulaire devrait également voir des progrès importants, améliorant la précision des diagnostics et les traitements. Cependant, de nombreuses technologies sont polyvalentes et peuvent s’appliquer à toutes les spécialités. Dans ce cas, c’est l’entrepreneur qui va choisir une spécialité ou une niche sur le marché pour se lancer.

Comment voyez-vous l’évolution de la relation entre startups, professionnels de santé et régulateurs dans le futur ?

L’avenir verra une collaboration accrue entre startups et professionnels de santé. Les systèmes de santé auront un rôle crucial dans la validation et la priorisation des technologies, notamment face à l’augmentation des coûts. Les régulateurs, qui habituellement maintiennent une certaine distance, peuvent jouer un double rôle pour les technologies disruptives : celui de conseiller et d’auditeur. Ces derniers devront se former en continu pour s’adapter aux nouveautés.

Pensez-vous que la crise sanitaire récente (COVID-19) a eu un impact durable sur l’innovation et l’entrepreneuriat dans le secteur de la santé ?

La crise du COVID-19 a indéniablement transformé les mentalités dans toute la chaîne de valeur de la santé. Elle a mis en évidence certaines lacunes et éléments tensions, conduisant à une réflexion approfondie sur la nécessité de réorganiser l’écosystème de santé. Cette prise de conscience a insufflé un dynamisme sur l’écosystème, soulignant le besoin d’un système de santé résilient. Post-COVID, les réflexions se sont élargies à des considérations plus globales, notamment sur l’accès aux soins et la gestion des données.

Pouvez-vous partager une expérience ou un cas de figure où une innovation médicale/startup a directement amélioré un processus clinique ou un résultat patient ?

Au Luxembourg, le développement de tests PCR pour le COVID-19 a joué un rôle crucial dans la gestion de la pandémie. Le développement rapide des vaccins COVID-19 est un autre exemple marquant d’innovation ayant un impact global. Les immunothérapies ont aussi montré des résultats spectaculaires dans certains traitements. Ce ne sont que quelques exemples. Pour en savoir plus, visitez la Healthcare Week Luxembourg ! Elle offrira une vitrine à de nombreuses innovations prometteuses et des collaborations possibles.

A propos de l'auteur de l'article

Clémence Minota
Rédactrice santé & innovation

Je suis rédactrice spécialisée en santé et innovation, passionnée par l'impact des technologies sur l'évolution des soins médicaux. Mon expertise consiste à décrypter les dernières avancées du secteur et à fournir des contenus clairs et pertinents pour les professionnels de santé.

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